7 févr. 2010

Chronique française 1

« Le temps change toute chose : il n'y a aucune raison pour que la langue échappe à cette loi universelle. » - FERDINAND DE SAUSSURE


S'il y a un jugement de valeur qui me fait ciller les oreilles, c'est celui de la présence des anglicismes dans la langue française. Le pire réflexe qu'un Québécois peut avoir là-dessus selon moi, c'est de déplorer la présence de mots anglais dans le dialecte accentué qu'utilise nos cousins en France.

J'y ai vécu pendant 1 mois cet été, dans un petit village d'Isère, avec des jeunes et des moins jeunes. Or, ce qui m'a le plus frappé, c'est justement cette absence d'expressions anglophones. Avec nos ''fun'', ''cool'', et autres ''shit'' (c'est tellement moins vulgaire que nos sacres...), nous, les Québécois, avons un sérieux regard de conscience à s'infliger. Un jeune de 17 ans typique d'ici, versus un jeune de 17 ans de la région classique française (j'exclue ici Paris parce que Paris s'est démontrée être un pays en elle-même !)... Entre les deux, il n'y a pas de doute : le jeune français a un vocabulaire incroyable ! Les fameux « Je vais faire du shopping ce weekend, j'ai besoin de nouvelles baskets » existent, oui, mais la richesse de l'expression de sa pensée par les mots chez un Français dépasse de loin bien des Québécois que je connais. Pourtant enseignante de formation, tout de même soucieuse de mon langage, lorsque j'ai vécu là bas, j'avais tellement l'impression d'être démunie de vocabulaire... Ouf ! Coup d'orgueil !

Le meilleur exemple par contre de choc linguo-culturel (!) réside surtout dans cette merveille historique qui fait que le Québec a gardé des mots de ses ancêtres que leur pays d'origine a lui-même oubliés. Je pense ici à une phrase, que vous direz complètement banale, mais qui m'a causé bien des regards étranges lors de mon séjour en France. Imaginez-moi, animatrice pour un mois en région française, avec des adolescentes à connaître et avec qui je passerai l'été, une fois passé outre mon accent ''DE CÉLINE DION''.

« J'aime beaucoup la camisole que tu portes avec ce chandail, Caroline, ça te va très bien », dis-je en tant que fille coquette qui aime bien la mode européenne.


Si vous aviez vu le regard que m'ont jeté les filles... je crois que j'ai, pour la première fois de ma vie, enfin ressenti ce que c'est que d'être une Inuit en plein milieu d'une fête africaine. Imaginez-vous donc que les mots 'chandail' et 'camisole' seraient inexistants en France ??? Enfin, dans la région où j'étais, c'était réellement pour eux l'équivalent de ''champ d'ail'' (quoi, tu trouves que je pue ?) et de 'camisole de force' (...et je suis folle en plus ? non mais ça va pas la tête !)

Bref, j'ai eu à me reprendre tellement de fois que ça m'a franchement marquée ! Pas pratique quand on part en camping avec un groupe de 12 jeunes...


« T'as pas vu mon champ d'ail ?! »

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